Une méthode de développement des indicateurs de biodiversité : le DPSIR tétraédrique

Ce grain et ceux en prolongement présente une contribution à l’espace Méthodo de KerALARM. Elle est justifiée par le besoin de créer des outils conceptuels fonctionnels qui permettent l’identification et l’organisation des indicateurs et des enjeux de gouvernance. Ceux-ci sont deux composantes essentielles de la méthode d’analyse socio-économique proposée par KerAlarm et des éléments indispensables pour l’exploitation de la Matrice de Délibération.

 

L’apport de ces grains à l’espace Méthodo concerne deux développements :

-          le cadre DPSIR tétraédrique

-          l’application de l’analyse de discours à l’identification des enjeux de gouvernance

 

Le « DPSIR tétraédrique » propose un croisement entre (1) la terminologie du DPSIR (Driving Forces – Pressures – State – Impact – Response), qui est largement utilisée au niveau Européen (notamment par l’Agence Européenne pour l’Environnement) pour communiquer des résultats issus de l’analyse intégrée aux politiques, et (2) le cadre conceptuel des quatre sphères de la durabilité, proposée par O’Connor (2007a).

 

Ce choix conceptuel a été fait pour renforcer les vertus en termes de communication de l’information du premier avec les capacités analytiques du second. L’objectif est d’obtenir un cadre qui présente les deux caractéristiques – la facilité de communication et le pouvoir analytique, et qui serve pour le développement d’indicateurs de biodiversité (le « DPSIR tétraédrique » résultant a été utilisé pour cet objectif dans les études de cas, présentées notamment dans les aires 4 et 7).

 

Selon les termes du DPSIR, la sphère économique opère des Pressions sur l’environnement, dont les changements, en réaction, peuvent affecter l’environnement lui-même mais aussi les sphères économique et sociale, à travers des Impacts. Ces derniers modifient les services environnementaux dont bénéficient différents groupes dans la société et, pour cette raison, des conflits d’accès (à ces services) peuvent apparaître. Les différents arguments sont exprimés, dans ces conflits, dans la sphère politique. Celle-ci doit donner des Réponses à des demandes contradictoires, venant des sphères sociale et économique. Cette sphère produit ainsi des politiques publiques dont l’objectif est d’influencer le fonctionnement des systèmes environnemental, économique ou social.

Ces Réponses peuvent envisager, par exemple, la régulation des conditions d’accès au « capital naturel » en tant que facteur de production des biens et services économiques, afin d’assurer le maintien sur le long terme des services environnementaux. Dans le sens contraire, de la sphère environnementale vers la sphère politique, on peut noter que la nature non-humaine ne s’exprime pas directement dans les forums politiques. D’une part, les changements dans la sphère environnementale déterminent des Impacts sur les systèmes social et politiques qui, une fois identifiés, appellent à des Réponses politiques. D’autre part, l’environnement est « représenté » dans les forums politiques par des acteurs « qui parlent en son nom » (e.g., des associations).

 

Les Impacts des changements environnementaux sur la sphère économique peuvent entraîner la perte de profit ou d’opportunités de profit. À la demande des dimensions sociale et politique, l’économie peut répondre, par exemple, avec des stratégies d’adaptation, en essayant de restructurer son fonctionnement interne et ses interactions avec les autres sphères, afin de trouver des modalités pour exister dans les nouvelles conditions (e.g., changements dans les systèmes de production, accords internationaux ou chaînes de commerce équitable). Ou, au contraire, l’économique peut demander aux autres sphères de s’adapter (e.g., globalisation, restructuration du système social).

 

Le DPSIR tétraédrique peut être représenté de manière synthétique en considérant les interfaces entre chacune des deux dimensions (Tableau 1). Les cellules de la diagonale évoquent des concepts de performance et des critères qui sont principalement liés à une seule dimension. Les autres cellules représentent des concepts de performance à l’interface entre deux dimensions. À partir de ce modèle, nous avons redéfini chacune des catégories du DPSIR. Les définitions présentées ci-dessous sont le résultat de la collaboration avec les trois autres équipes de socio-économistes participant au projet ALARM. Chacune de ces équipes a testé l’application des nouvelles définitions pour la source de changement de la biodiversité (pour laquelle elle était responsable : produits chimiques, invasions biologiques, perte de pollinisateurs et changement climatique).

 

 

 

 

Tableau 1. Représentation tabulaire du DPSIR tétraédrique